Rezension zu:

Gerhard STREMINGER.– Gottes Güte und die Übel der Welt. Mohr, Tübingen, 1992, 442 p.

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Ausgabe 2 (1995) vol. 58 Seite:287

Les problèmes qui se posent à l’humanité en cette fin de siècle sont immenses. Mais, affirme l’auteur en fin de parcours, les hommes apporteront les solutions adéquates à la condition qu’ils cessent de se raconter la fable d’un Père des cieux qui veillerait sur eux! Cette conclusion donne le ton de cet ouvrage volumineux, rigoureusement centré sur la critique du théisme en général et du monothéisme chrétien en particulier.

L’affirmation de l’existence de Dieu construite autour des voies traditionnelles de la philosophie n’a, aux yeux de l’auteur, aucune pertinence. Ni la question du mal, ni celle du déterminisme naturel, de l’exigence éthique ou de la liberté n’appellent l’existence d’un Dieu supérieur. Les hommes sont en mesure de gérer ces problèmes avec leurs seules ressources. Mêler Dieu aux questions de l’homme ne fait que compliquer les affaires humaines, en leur donnant un enjeu qu’elles n’ont pas. Plus étonnantes, tellement elles font penser au scientisme du début du siècle, sont les pages (191 sq.) consacrées à ce que l’auteur appelle « le Dieu souffrant » et qui concernent Jésus de Nazareth. L’auteur rejette ce témoignage par manque de crédibilité historique. Les Évangiles, à ses yeux, ne sont que le recueil de courtes notices et de légendes sur la vie d’un rabbi araméen dont on ne sait rien d’autre que ce que ses disciples ont bien voulu nous en dire !

Alors, face à notre destin inexorablement marqué par le mal et la mort, il ne reste qu’à puiser dans «la bonne vie», selon l’expression de l’auteur, l’énergie à rester debout. Fallait-il dépenser tant d’énergie et de science pour aboutir à une perspective aussi étroite, étriquée, même si elle trouve en Nietzsche ou Camus ses grandes voix tragiques?

YVES LEDURE